Le 6 janvier, on tire les rois, on couronne pour un
jour celui qui a trouvé la fève dans sa galette. Mais
d'où vient cette coutume ? Et d'où vient le mot
fève pour un petit objet qui n'en a ni la forme ni la
consistance ?
Le 6
janvier, jour des rois
Les magasins commencent à proposer des galettes des rois
dès la mi-décembre. Autrefois, ce fameux gâteau ne
se partageait et ne se mangeait que le 6 janvier, jour anniversaire de
l'adoration des Rois mages devant l'enfant Jésus, dans la
crèche. Fêter les rois c'était se souvenir de ces
rois d'il y a deux mille ans et de leur longue marche depuis la Perse.
De quand date
la galette ?
On ne sait pas au juste depuis combien de
temps existe la galette des rois. Au moins depuis 1311, car elle est
évoquée cette année-là dans un texte
rédigé à Amiens. Elle a la forme ronde du soleil,
puisque Jésus est décrit comme la lumière de Dieu
donnée aux hommes. On devenait roi ou reine d'un jour, la
fève et la galette étant en quelque sorte le dernier
cadeau du cycle de Noël, depuis le début de l'Avent
jusqu'à l'Épiphanie.
Et la
fève ?
Si elle porte ce nom, c'est parce qu'on
plaçait à l'origine une véritable fève, un
haricot blanc ou un pois chiche dans le gâteau. Les
premières fèves en porcelaine ne sont apparues
qu'après le Second Empire, en 1875. Au départ, elles
étaient fabriquées selon des modèles en nombre
restreint, évoquant la chance (trèfle, fer à
cheval), la richesse (voiture), l'amour (roi ou dame de cœur), le
pouvoir (reine, couronne, château) ou, bien sûr, la vertu
(Enfant Jésus). À partir des années 1960, les
formes, les motifs, les couleurs et les matières se sont
multipliées à tel point que tout est possible !
L'imagination est laissée libre et des collectionneurs
rassemblent désormais des milliers de figurines
différentes.
Enfin, la fève n'était pas autrefois cachée dans
la galette mais dans un sac où l'on mélangeait par
exemple un haricot noir ou rouge au milieu de haricots blancs, autant
au total que de personnes présentes. C'était, comme
aujourd'hui, un enfant qui " tirait les rois " : il plongeait la main
dans le sac et sortait un par un les haricots du sac en nommant les
convives. Lorsqu'il sortait la fève noire ou rouge, on
s'écriait " Vive le roi ! " et on fêtait tout le jour
celui que le sort avait désigné. Le gâteau
n'était partagé qu'ensuite.
La part du
pauvre
On dit souvent qu'il faut découper la
galette en prévoyant une part de plus qu'il n'y a de convives :
c'est la fameuse " part du pauvre ". Autrefois en effet, les plus
malheureux allaient ce jour-là de porte en porte demander " La
petite part, La petite bouchée, La part du Bon Dieu, Pour
l'amour de Dieu ". Gare à celui qui ne voulait rien offrir ! Les
quêteurs chantaient férocement :
"Si vous ne voulez rien nous donner,
Nous irons au jouc aux poules,
Nous prendrons tous vos chapons." (Poitou)
Ou bien :
"Que Dieu vous donne
Diarrhée mortelle
Jusqu'à l'autre Noël !" (Charentes)
En revanche, les pauvres chantaient un remerciement s'ils
étaient bien reçus :
"Salut à Messieurs et Dames d'honneur,
Je vous donne le bonsoir de grand cœur,
Divertissez-vous bien dedans ce saint jour."
Texte
de Marie-Odile Mergnac, notrefamille.com